Chapitre I : La rencontre avec le Magnus.
Teod s’accrochait à sa lettre d’introduction scellée d’écarlate en tentant désespérément de se souvenir de son propre nom...Il avait chevauché pendant des jours en compagnies de différentes caravanes pour finalement prendre la seule route de Tolena...Ensuite, il y avait eu la longue et lente ascension de vers cet endroit serein, vide et solitaire. Ici, même l’air semblait gelé. Maintenant, courbatu et fatigué, le jeune homme à la barbe naissante se tenait dans la cour poussiéreuse, pétrifiée à l’idée de ce qu’il allait devoir faire.
Se présenter au plus puissant mage qui n’ai jamais existé, et qui n’existerait jamais...
Un honneur avait dis Anil. Une opportunité avait insisté le maître loup, à ne pas manquer. Ses mentors, les sages et sorciers de la DL, voulait savoir les connaissances que le plus puissant sorcier de l’univers avait accumulé dans sa bibliothèque. Ils voulaient savoir à quelles recherches il se livrait.
Le Magnus et le conclave de la DL étaient, apparemment, en froid depuis quelques années, et le mage semblait, maintenant seulement, disposé à prendre un apprenti. Que ce soit parce que son cœur prétendu si dur se soit attendri ou alors la conscience naissante de sa propre mortalité, peu importait. La vérité était que ce sorcier puissant et indépendant (et pur Teod mystérieux) était disposé à prendre un assistant, et Aniol lui en fournissait un.
Ainsi, le jeune Teod avait été sélectionné et chargé d’une liste d’instructions, d’ordres, de contre-ordres, de requêtes, de suggestions, de conseils et autres exigences.
Soit modeste et fait ce que l’on te dit de faire. Ne soit pas paresseux. Parais toujours intéressé. Et surtout, garde les yeux et les oreilles ouverts.
Respirant un bon coup (et se rappelant au passage qu’il était encore trop près des écuries), Teod s’avança vers la tour elle-même, traînant des pieds soudain incroyablement lourds...
L’entrée principale bâillait comme la gueule d’une grotte, dépourvue de portail ou de pont-levis. Ce qui était compréhensible : quelle armée traverserait les montagnes, gravirait les pentes du cratère pour finalement affronté le Magnus Murdock en personne ? On ne trouvait nulle part dans les archives la trace d’une éventuelle tentative de siège de Toléra.
« Tu es le nouveau ? »Dit une voix basse, et Teod qui était toujours plongé dans ses pensées crut que son cœur venait de s’arrêter.
Il baissa le regard pour découvrir un vieillard chauve, son visage tout en longueur était encadré par une paire de rectangles noirs. Teod ne croyait pas avoir fourni de réponse, mais le vieillard s’avança encore et répéta sa question :
« Tu es le nouveau ? »
Le jeune homme se rendit compte qu’il le fixait avec des yeux ronds.
« Teod, dit il au bout d’un moment présentant sa lettre d’introduction. De Kimora, j’ai été envoyé par Aniol. »
« Bien sur que tu es Teod, de Kimora. »
Le serviteur s’empara de la lettre tendue comme si le document était un reptile vivant puis, après avoir lissé les coins chiffonnés, le glissa dans sa livrée. Après l’avoir portée et protégée si longtemps, Teod éprouva un sentiment de perte : cette missive représentait son avenir et il n’aimait pas la voir disparaître, ne serait-ce qu’un instant.
« Aniol m’a envoyé pour assister Murdock. »
« J’en suis certain. Qu’il t’a envoyé.
« Moroes »dit le serviteur
Teod leva un sourcil.
« Je m’appelle Moroes. Serviteur de la tour de Murdock. »
Le serviteur pivota, lui faisant signe de le suivre. Malgré son apparente fragilité, le vieillard se déplace promptement et Teod du s’employer pour rester sur ses talons.
« Vous êtes seul dans la tour ? »
« Hein ? »
« Etes vous seul ? Vous vivez ici ? »
« Le Magnus est ici. » répondit Moroes d’une vois sifflante.
« Oui, bien sur. »
« Pourquoi serais-tu venu s’il n’y était pas ? »
« Bien sur, personne d’autre ? »
« Toi maintenant, toujours plus de travail à s’occuper de deux personnes que d’une seule. On ne m’a pas demandé mon avis. »
« Donc, il n’y a que le Sorcier et vous ? »
« Et Cook, mais Cook ne parle pas beaucoup. Elle cuisine, mais merci de t’intéresser. »
Teod réprima difficilement une grimace.
Ils atteignirent un palier, un couloir éclairé par des torches. Moroes le traversa promptement et s’engagea sur la nouvelle volée de marches qui menait au prochain étage. Teod ralentit l’allure pour examiner les torches. IL s’approcha de l’une d’elle et approcha sa main à quelques centimètres de la flamme vacillante, mais il ne ressentit aucune chaleur, comme si la flamme avait été figée il y a des siècles de cela.
Teod rattrapa le vieillard :
« Vous êtes au service du Magnus depuis longtemps ? »
« Oui oui, assez longtemps. Trop longtemps. Des années je croit, le temps est comme ça ici. »
« Que savez vous de lui ? »
Le vieillard stoppa brusquement et se retourna, un sourire malicieux aux lèvres :
« La vraie question est : Qu’est-ce que tu sais ? »
Les recherches de Teod à ce sujet avaient été infructueuses, ne lui livrant que des résultats frustrants, les seuls renseignements qu’il avait réussi à obtenir étaient que toute la communauté magique semblait le craindre autant qu’ils le respectaient. Et que la mère de Murdock avait tué de ses propres mains un Seigneur Démon, ainsi que toute son escorte, Teod avait été abasourdis lorsqu’il avait découvert cela : seul une personne au pouvoir extrêmement développé pouvait s’attaques à un SD, alors le tuer, lui et toute son escorte...
Et d’après ce qu’avait pus comprendre Teod, sa mère avait déversé tout son pouvoir dans Murdock, le rendant presque immortel.
« Plus qu’un étage. »
L’escalier donnait sur une petite pièce circulaire entourée par un large parapet. Comme Teod l’avait deviné, ils étaient bien au sommet de la tour, dans un observatoire. Les murs et les plafonds étaient percés de fenêtres cristallines, parfaitement translucides. Pendant leur ascension, le soleil s’était installé et illuminait le ciel.
L’observatoire en lui-même était assez sombre, un brasier éteint avait été préparé en vue d’une utilisation prochaine.
Et Murdock était la. Teod en était persuadé, il ne pouvait s’agir que de lui, et de nu d’autre :
Un homme d’âge mur, aux longs cheveux ramenés en arrière en une queue de cheval sur le cou. Dans sa jeunesse ils avaient du être d’un noir d’ébène, mais à présent, ils étaient grisonnants aux tempes, tout comme sa barbe.
Murdock portait une robe simple pour un mage, bien coupé et parfaitement ajustée à sa grande silhouette.
Un manteau court, un tabard, sans la moindre décoration quelle qu’elle soit, s’arrêtait à sa taille, sur son pantalon enfoncé dans de grandes bottes. Une lourde cape brune pendait sur ses épaules, la capuche retroussée.
Quelque chose dans la silhouette penchée sur l’une des tables semblait imposé le respect, peut être sa simplicité...Mais en tout les cas, Teod n’aurais jamais osé déranger cet homme la, et encore moins attiser sa colère...
Murdock leur tournait le dos, les ignorant. Debout devant l’une des tables, un outil doré dans une main, un carnet de notes dans l’autre, il semblait perdu dans ses pensées au point de ne pas remarqué l’arrivée des deux personnages...
Teod s’éclaircit la gorge. Le mage leva une main et Teod se figea, comme pétrifié par un sortilège.
Finalement, la silhouette reposa l’outil et jeta trois mots sur le carnet. Elle referma le livre dans un claquement et se tourna vers Teod.
Voyant son visage pour la première fois, Teod pensa qu’il devait être bien plus âgé que ses quarante un, non pas par la physionomie de son visage mais par la profonde sagesse qui émanait de chacun de ces traits.
Moroes glissa la main sous sa livrée pour en sortir la lettre d’introduction dont le sceau écarlate luit sous la lueur des torches. Murdock se retourna vers le jeune homme.
Teod sentit immédiatement le pouvoir dans ses yeux. Quelque chose dansait, frémissait dans ces yeux d’un vert étonnant, quelque chose de puissant...peut être incontrôlé.
Le maître mage lui jeta un coup d’œil.
Teod sentit que le sorcier venait avait aussitôt saisi la somme de son existence et ne la trouvait pas plus intrigante que celle d’une fourmi.
Murdock le quitta du regard pour contempler la lettre d’introduction, et, aussitôt, Teod se détendit, comme si son immense prédateur venait de l’abandonner à son sort.
Son soulagement ne fut que de courte duré. Murdock n’ouvrit pas la lettre. Au lieu de cela, ses sourcils se froncèrent à peine et le parchemin prit feu. Une flamme bleue se mit à dévorer le bout de papier.
Murdock prit la parole d’une voie à la fois profonde et amusée :
« Ainsi, dit-il, apparemment inconscient que l’avenir de Teod était en train de se consumer entre ses doigts. Il semble que notre jeune apprenti soit enfin arrivé. Moroes, combien sont déjà venue jusqu’à moi ? »
« Des dizaines mon Seigneur. »
« Et combien sont devenus apprenti ? »
« Pas un seul. »